Keith Boadwee, Piero Manzoni, Maurizio Catellan, composantes de cet hommage à l'art moderne de Gilles Esnault.

De l'art moderne.

En matière d’art moderne, le « moderne » prime sur « l’art », au point que la « mode », en ses exigences aveugles d’inédit et d’alternances refoule l’art à un rôle d’alibi. L’intérêt est plutôt de l’ordre d’un phénomène social ou d’un phénomène de marketing, servi par une culture plus factice que réellement artistique. Les recherches et les révolutions que cette culture dresse en fin en soi trahissent davantage une situation de perdition qu’une quelconque finalité de progression. Il faut être malhonnête pour entrevoir un progrès en art. Issu d’une réaction aux pompiers bourgeois du 19ème siècle et de la déroute suscitée par l’avènement de la photographie, l’art contemporain est à la recherche incessante de sa raison d’être et a été entièrement annexé par la littérature. On crée en fonction de ce qui pourrait en être écrit et par rapport à ce qui a été écrit sur d’autres. Embourbé dans sa propre dérision, l’art d’aujourd’hui, du moins celui qui tient la scène, laisse apparaître une fascination du néant, une sorte d’abolition de l’art par l’art, et se caricature sans cesse lui-même. Cela fait penser à la sclérose du système soviétique qui, en se voulant indéfiniment révolutionnaire et en se nourrissant de sa propre histoire, avait abouti à un totalitarisme du non–sens, à l’exact opposé de ses prétentions. C’est, en quelque sorte, la vanité  qui se trouve érigée en œuvre d’art, puisque aujourd’hui l’art véritable c’est de faire passer pour de l’art ce qui ne l’est pas. Les artistes, ce sont donc les marchands.

 

 

 

 

 

 

Istvan SANDORFI (Works 1987-1997 - Garnier Nocera)

 
 

Hommage discret à l'art contemporain - Gilles ESNAULT - 2006