Oeuvres de Gilles Paul ESNAULT peintes selon les techniques 
							traditionnelles de la peinture à l'huile.
							
							
							 
								
								 
							 
								
								 
								 
								
								 
				
				
              	Introduction
              
              
              (Heyho)
              L'hyperréalisme, nommé aussi en anglais photorealism ou superrealism, 
              apparaît aux Etats-Unis dans les années 1965-1970; il désigne génériquement 
              un courant de peinture - et de sculpture - qui s'appuie sur la photographie 
              pour observer le réel, voire même le copier. Ainsi, les peintures 
              des hyperréalistes ressemblent à s'y méprendre à des photographies.
              La transversalité entre ces deux modes d'expression que sont la peinture 
              et la photographie est donc clairement définie: la photographie sert 
              d'intermédiaire entre le monde réel et la peinture qui le représente.
              Notre étude se basera donc sur ce lien a priori évident, mais qui 
              pourtant va se révéler plus délicat à cerner dans l'œuvre de certains 
              artistes. On examinera dans un premier temps les différentes caractéristiques 
              de ce mouvement. Puis on s'attardera sur quelques œuvres d'artistes 
              hyperréalistes pour juger du rôle que tient la photographie dans ce 
              courant artistique.
              
              Contexte artistique
              
              Après le développement de l'expressionnisme abstrait - représenté 
              par des artistes tels que Rothko ou Pollock - on ressent un besoin 
              croissant de revenir à une représentation du réel. C'est dans ce contexte 
              qu'apparaît le Pop Art au début des années soixante. C'est à la même 
              période, quoique sans doute un peu plus tardivement, qu'on découvre 
              des artistes qui peignent au plus près le réel, cherchant même la 
              confusion entre la peinture et la scène représentée. Fondus dans la 
              masse des artistes du Pop Art, on appelle à l'époque tous ces nouveaux 
              artistes les "nouveaux réalistes".
              C'est quelques années plus tard que les deux courants, Pop Art et 
              hyperréalisme, se distingueront réellement. A la différence du Pop 
              Art qui intègre dans ses œuvres des objets courants, les artistes 
              hyperréalistes les reproduisent fidèlement. C'est d'ailleurs toute 
              une technique de reproduction que mettent en place ces artistes.
              L'idée de peindre au plus proche du réel n'est pas nouvelle, et certaines 
              toiles d'artistes hyperréalistes semblent d'ailleurs reprendre les 
              thématiques de peintres tels qu'Edward Hopper qui, quelques années 
              avant, peignait la ville et sa solitude avec réalisme et émotion. 
              Certains hyperréalistes, comme Ralph Goings, se réclament d'ailleurs 
              de Hopper - pour la vision de la désolante banalité de la vie quotidienne 
              américaine. Dans le cas de Hopper, il ne s'agissait pas cependant 
              de trompe-l'œil, mais seulement d'une œuvre gagnant son émotion par 
              une ressemblance intuitive par rapport au réel. Cet effet de trompe-l'œil 
              se retrouve plus volontiers dans l'œuvre de David Hockney, dans laquelle 
              on retrouve à la fois des toiles imitant le réel et des œuvres se 
              rapprochant davantage de l'art naïf.
              
              
              La photographie: support 
              d'une technique
              
              L'idée la plus importante à retenir lorsque l'on parle d'hyperréalisme, 
              c'est que ce courant n'aurait pu exister sans la photographie. Le 
              but que cherche à atteindre les hyperréalistes lorsqu'ils réalisent 
              une œuvre sera de rendre le plus fidèlement le réel; le support le 
              plus évident qu'utilisent ces artistes est bien sûr la photographie.
              Auparavant, les artistes réalistes travaillaient à partir de dessins, 
              d'études ou de leur imagination, mais dans la plupart des cas avec 
              l'aide de la photographie. Pour les hyperréalistes, cette démarche 
              est poussée à l'extrême, puisqu'ils vont véritablement recopier une 
              photographie pour que justement la toile rende le plus idéalement 
              possible l'impression d'une image photographique.
              L'artiste n'a donc plus qu'à effectuer un travail de reproduction, 
              et pour cela sont mises au point diverses techniques. Le principe 
              reste le même, quelle que soit la technique utilisée. La photographie 
              est projetée à l'aide d'un épiscope. Le peintre opère ensuite le plus 
              souvent un quadrillage de l'image projetée, et va ensuite peindre 
              les carrés d'images - certains artistes utilisent l'aérographe, d'autres 
              formeront les images avec des pastilles de couleur ou directement 
              au pinceau.
              L'image se trouve donc fractionnée en des milliers, voire des dizaines 
              ou des centaines de milliers de carrés. Comme une prémonition, cette 
              technique amorçait d'une certaine façon l'arrivée de l'image numérique 
              qui elle n'est plus que pixels. Mais elle fait aussi suite à la technique 
              de peinture des pointillistes de la fin du XIXème siècle. On retrouve 
              cette idée dans l'œuvre de Chuck Close, artiste américain dont l'œuvre 
              est entièrement basée sur la reproduction peinte de photographies 
              d'identité en format géant.
              Bien qu'il ne soit pas pleinement représentatif du mouvement hyperréaliste, 
              il est intéressant voire essentiel de s'attarder sur son œuvre. Sa 
              démarche est limpide - il réalise des agrandissements de très grand 
              format de clichés d'amis, ne retenant que leur visage, saisi généralement 
              strictement de face, comme on pose dans un Photomaton. La première 
              partie de son œuvre est basée sur la reproduction au sens le plus 
              strict du terme de ces photographies; jusqu'en 1970, il réalise des 
              portraits en noir et blanc. Il peint ensuite en couleur, réalisant 
              ses toiles en trois étapes correspondant à trois couches de couleur. 
              Il s'intéresse de plus en plus au divisionnisme de l'image. Il découpe 
              l'image, au début selon une trame régulière, et reproduit la toile 
              en faisant varier le nombre de "pixels" nécessaires pour former l'image. 
              Puis il va expérimenter d'autres techniques, avec ou sans trames, 
              toiles peintes avec les doigts, ou collages de gommettes pour former 
              un visage. A partir de 1970, il n'essaie plus de simuler la photographie, 
              mais travaille par petites touches de tons purs, dans le style de 
              Georges Seurat.
              Toutes ces expériences répondent à deux interrogations. D'une part, 
              le fait de décomposer une image selon 1000, 10 000 voire 100 000 cases, 
              évoque le seuil de lecture - soit quelle est la somme d'informations 
              suffisantes pour reconnaître un visage particulier. Ce questionnement 
              est encore plus valable aujourd'hui puisqu'on y est confronté chaque 
              fois que l'on traite une image en numérique. D'autres artistes, autres 
              qu'hyperréalistes, se sont interrogés sur ce palier entre la reconnaissance 
              d'un objet, d'un visage, et le brouillage de l'image. On peut citer 
              Gerard Richter, qui étudie dans son œuvre le seuil de reconnaissance 
              du référent, alternant peinture virtuose et peinture brouillée où 
              le référent devient alors difficilement identifiable.
              D'autre part, les toiles de Chuck Close réalisées en couleur rappellent 
              fortement les techniques d'impression; cela revient à reprendre par 
              la main de l'homme ce que la machine - l'imprimante - fait habituellement. 
              Ce n'est d'ailleurs pas sans rappeler le goût de Lichtenstein pour 
              la technique de la bande dessinée, mais chez Close cet intérêt s'est 
              focalisé sur la reproduction photographique.
              
              
              La touche de l'artiste
              
              L'artiste effectue donc un travail davantage technique que créatif; 
              on s'interroge alors à la position difficile de l'artiste face à son 
              œuvre. Son travail est en effet réduit au plus basique, c'est-à-dire 
              de remplir minutieusement le tableau par des touches de couleur. Etant 
              donné que les toiles qu'ils réalisent est essentiellement la reproduction 
              d'une photographie, il semble a priori qu'il n'ait alors besoin, lors 
              de la réalisation de l'œuvre, que de maîtriser une technique de reproduction. 
              Beaucoup d'artistes hyperréalistes sont d'ailleurs tombés dans le 
              piège de la virtuosité : l'œuvre finale n'est alors plus qu'un effet 
              de style, dénué d'intérêt et de sens.
              C'est donc ailleurs que s'explique la démarche artistique des hyperréalistes. 
              L'intervention de l'artiste se fait tout d'abord par le choix de la 
              photographie qu'ils souhaitent reproduire. Certains choisissent de 
              réaliser eux-mêmes leurs photographies, d'autres se contenteront d'emprunter 
              des images à des magazines ou à d'autres supports; c'est le cas de 
              Malcolm Morley, qui réalisera des toiles à partir de photographies 
              trouvées ou de banales cartes postales - recherchant alors une image 
              "qui n'avait pas été dénaturée par l'art ". Dans le cas où l'artiste 
              réalise ses photographies, il lui faudra alors prendre en compte toutes 
              les restrictions inhérentes au médium, soit le choix d'un cadrage, 
              la profondeur de champ, etc. Tous ces choix influeront bien sûr sur 
              le résultat final.
              Les artistes hyperréalistes se distinguent d'ailleurs les uns des 
              autres, non pas réellement par leur style, mais par les thèmes qu'ils 
              abordent. Et à l'égal des peintres hollandais de scènes de genre et 
              de nature morte du XVIIème siècle, les peintres hyperréalistes sont 
              souvent spécialisés dans un thème spécifique. Ainsi, John Salt peint 
              exclusivement des vieilles voitures cabossées, et Richard Estes décrit 
              les paysages urbains, notamment à New York; Ralph Goings et Robert 
              Bechtle s'intéressent plus spécialement à l'Amérique, d'un point de 
              vue davantage sociologique.
              Bien souvent, pour se détacher de la photographie qu'il reproduit, 
              l'artiste s'autorise à la déformer, tout en sauvegardant l'effet plus 
              que réaliste de la toile finale. Ainsi, quelques artistes ont réalisé 
              des "photo-montages" dans leurs tableaux; parmi eux, on peut citer 
              Ben Schonzeit ou Audrey Flack, mais surtout Richard Estes qui reconstitue 
              souvent un paysage urbain à partir de plusieurs clichés. Estes explique 
              sa démarche comme une reconstitution du réel; dans ses œuvres sont 
              réunis plusieurs morceaux du réel qui a pu être observé à travers 
              l'appareil photographique, et ce pour ainsi en reformer une image 
              mentale satisfaisante et cohérente.
              Tous ces éléments nous prouvent que le mouvement hyperréaliste ne 
              se réduit pas à une simple soumission vis-à-vis de l'image photographique, 
              puisque beaucoup d'artistes prennent le choix de s'en écarter.
              
              
              Une image impeccable
              
              On se trouve confronté à une œuvre qui nous paraît à première vue 
              être une photographie. C'est dire que l'artiste a tout fait pour que 
              nous soyons dupés. Mais d'un autre côté, l'artiste peut aussi volontairement 
              accentuer certains détails, exagérer l'aspect clinquant des objets 
              représentés. 
              Pour illustrer cette idée, nous prendrons l'exemple de Don Eddy, artiste 
              hyperréaliste qui peint dès 1970, à partir de photographies, des fragments 
              de carrosseries de voitures en insistant sur les reflets. L'image 
              de ces automobiles, neuves ou cabossées, mais toujours trop brillantes 
              et aux chromes éblouissants, dégage une impression d'irréalité, produite 
              par l'excès des effets réfléchissants. Le tableau présenté en annexe 
              (Bumper Section XV: Isle Vista) présente la partie avant d'une voiture 
              cadrée au ras du sol et en gros plan. L'un des aspects que l'artiste 
              reprend de la photographie est la notion de profondeur de champ limité: 
              il accuse la netteté du premier plan et laisse l'arrière-plan flou. 
              Mais l'image est cependant trop lisse, trop parfaite, pour nous faire 
              croire à une photographie. L'artiste a accentué l'éclat des chromes, 
              lissé la carrosserie, et donc en quelque sorte magnifier le réel.
              C'est donc rappeler que la photographie, par son aspect reproductif 
              du réel, ne nous donne pas la vision que nous attendions du monde 
              et des objets. La démarche de l'artiste est sans doute justement de 
              parfaire l'image de la photographie, soit rendre de l'objet représenté 
              une vision totalement idéalisée mais cependant faussée. 
              Pour un grand nombre d'artistes hyperréalistes, les thèmes abordés 
              se rapprochent souvent de la description de la ville et de ses attraits 
              - paysage urbain, enseignes publicitaires lumineuses, cafétérias - 
              ou de tout ce qui semble être la réussite de la technologie - voitures, 
              motocyclettes, aéroports. L'image que nous renvoie ces tableaux est 
              rassurante car lisse et limpide. Les œuvres des américains Ralph Goings 
              et de Richard Estes fonctionnent comme des vitrines alléchantes de 
              l'américanisme. 
              
              
              La froideur de l'hyperréalisme
              
              La vraisemblance est parfois poussée tellement loin qu'elle produit 
              sur le spectateur un effet de malaise. Mais ce malaise est surtout 
              dû au fait que les œuvres hyperréalistes ne sont ni émouvantes, ni 
              touchantes - seulement "vraies". L'hyperréalisme exprime par son regard 
              clinique, dénué de sensations émotionnelles, une observation souvent 
              acerbe de notre civilisation. Le réel est examiné minutieusement, 
              passé au microscope, puis rendu par une image dans toute sa froide 
              efficacité.
              Reproduire le réel, ou plus exactement reproduire une photographie, 
              ne se fait pas sans quelques défauts dus à l'introduction de la main 
              de l'homme. Ce ne sont d'ailleurs pas des défauts à proprement parler, 
              puisque c'est en partie grâce à ces nuances entre la photographie 
              et la peinture finale que les œuvres hyperréalistes sont souvent frappantes. 
              Le décalage observé par le spectateur l'interroge alors sur sa perception 
              du réel. Et justement, la vraisemblance des œuvres hyperréalistes 
              nous laisse souvent l'idée que la photographie, répandue et fortement 
              usitée de nos jours, nous a justement imposé son mode de perception.
              Les relations entre la photographie et les œuvres hyperréalistes sont 
              à mettre en parallèle avec les théories sémiotiques de Charles S. 
              Peirce, qui définit trois types de signes: le premier est l'index 
              ou indice, prélevé du monde, dans lequel on peut alors classer la 
              photographie en tant que trace de ce qui a été; le deuxième est l'icône 
              qui ne garde de l'original qu'une similitude, n'est associé à son 
              référent que par analogie - parmi ces signes, la peinture; le troisième 
              est le symbole, dont le rapport avec la chose n'est que purement arbitraire.
              L'artiste hyperréaliste, en tant que peintre, crée des icônes. Cependant, 
              il les crée de façon à ce qu'elles ressemblent le plus possible à 
              l'index. La nature indiciaire entre la photographie et son référent 
              semble aisée à réaliser - et la photographie est désormais reconnue 
              comme une technique accessible à tous. Mais ce que tentent d'exprimer 
              les artistes hyperréalistes, c'est que justement cette réalisation 
              n'est pas évidente, voire même fastidieuse. L'introduction de la main 
              de l'homme entre le signifié et le signifiant n'est pas évidente à 
              mettre en œuvre.
              Et, en même temps, le résultat est frustrant. Le malaise ressenti 
              face à une toile hyperréaliste est justement dû à ce manque d'émotion. 
              Le problème n'est donc plus de saisir l'importance de la main de l'homme 
              dans une œuvre, puisque l'émotion ne vient pas de là.
              
              
              Les défauts de la photographie 
              mis en cause
              
              Si la photographie est l'unique et incontournable intermédiaire entre 
              le réel et la toile, on ne peut alors que s'interroger sur la fiabilité 
              de ce médium. Et en effet, la photographie n'est pas le miroir du 
              monde, bien qu'on puisse le croire a priori. Ses défauts sont désormais 
              connus et reconnus, et on ne peut donc pas négliger les erreurs qu'elle 
              induit lorsque, comme dans la démarche des hyperréalistes, on l'utilise 
              comme support. Certains artistes vont chercher à s'affranchir de ses 
              défauts en les corrigeant, ou en les négligeant, d'autres vont justement 
              les étudier, pour mieux les confronter.
              Richard Estes est l'un de ceux qui s'affranchissent des défauts inhérents 
              à l'utilisation de l'appareil photographique. Lorsqu'il peint la ville 
              de New York, c'est souvent dans des grandes avenues, insistant sur 
              l'effet de perspective et la profondeur de ses immenses couloirs. 
              La photographie se trouve alors limitée par la profondeur de champ; 
              une partie de l'image sera floue. Estes va alors corriger ce flou 
              lors de la réalisation de sa toile. Le tableau en annexe intitulé 
              Cafe Express est un bon exemple de cette idée puisque à la fois le 
              premier plan et l'arrière-plan sont nets. C'est aussi ce que fera 
              Robert Bechtle, quand il peindra les banlieues américaines (en annexe, 
              Marin Avenue Late Afternoon).
              Mais pour certains artistes, il est important, voire essentiel pour 
              préserver l'idée que le tableau "est" une photographie, de garder 
              ces défauts. On a vu que Don Eddy, dans la plupart de ces tableaux, 
              gardait l'effet de flou en arrière-plan, pour simuler l'impression 
              photographique.
              L'idée de préserver et d'étudier les défauts inhérents au médium photographique 
              est très présente dans le travail de Chuck Close, et surtout dans 
              ses tout premiers essais de portraits en noir et blanc. Les tableaux 
              Auto-portrait et Phil placés en annexe semblent en être le meilleur 
              exemple. D'une part, on observe un léger flou au niveau des cheveux, 
              dû à l'emploi d'une grande ouverture de l'appareil photographique. 
              D'autre part, le visage semble déformé, ce qui n'est pas sans rappeler 
              les images faites avec un objectif grand-angle, cet effet étant accentué 
              par le gros plan sur le visage.
              C'est également dans le travail de John Salt qu'on retrouve l'idée 
              de conserver tous les défauts de la photographie originale sur la 
              toile. Cet artiste travaille à partir d'anciennes photographies - 
              voitures cabossées, parkings, etc. Il va tout d'abord garder les défauts 
              observés dès la prise de vues, comme un trop fort contraste de la 
              scène photographiée: on observe ainsi des zones trop sombres - voire 
              même sans aucun détail - ou trop claires, ou des images mal exposées. 
              Il conserve également les rayures - défaut inhérent au support photographique, 
              ainsi que les dominantes dues à un mauvais tirage ou à un mauvais 
              vieillissement de l'image.
              
              
              Conclusion
              
              Les hyperréalistes utilisent donc la photographie comme preuve évidente 
              de ce qui a été, idée qui est pourtant loin d'être évidente. Ainsi, 
              face à une peinture hyperréaliste, le spectateur se trouve confronté 
              à un double leurre: il observe l'image faussée de la scène à travers 
              la peinture, qui elle-même ne se réfère qu'à une photographie. On 
              se trouve alors par deux fois éloigné du référent.
              Mais on a cependant pu observer que certains artistes - comme Chuck 
              Close et John Salt - jouent justement sur le rapport entre la photographie 
              et la scène ou le personnage représentés. Pour ces artistes, l'important 
              ne semble pas être de donner l'illusion de la réalité, mais plus justement 
              de rendre à la toile l'aspect d'une photographie.
              
              
              
              Bibliographie
              
 - Ralph Goings, Essay / Interview by Linda Chase, Abrams, New York, 1989.
 - Edward Lucie-Smith, Le réalisme américain, éditions de la Martinière, paris, 
              1994.
 - Dictionnaire de l'art moderne et contemporain, sous la direction de Gérard 
              Durozoi, Hazan, Paris, 1992.
 - Lisa Lyons et Robert Storr, Chuck Close, Rizzoli, New York, 1987.
 - Louis K. Meisel, Photo-realism, Abrams, New York, 1981.
              
              L'hyperréalisme est un courant 
              artistique ( peinture, sculpture) né aux ETATS UNIS, caractérisé 
              par un rendu minutieux de la réalité inspiré d'images 
              photographiques.
              Dans les années 1960, dans la mouvance pop art, l'hyperréalisme 
              adhère au réel par imitation de la technique précise des gros 
              plans photographiques, tout en manipulant certains détails, 
              amenant le spectateur à une réflexion sur la notion même de 
              réalité. 
              Quelques hyperréalistes : Chuck Close en peinture, John De 
              Andrea, Duane Hanson en sculpture
              Courant pictural américain, l'hyperréalisme s'est manifesté, aux 
              alentours de 1970, par une série d'expositions spectaculaires. Il 
              apparaît que l'hyperréalisme n'est pas dissociable de la 
              survivance d'une longue tradition figurative américaine.
              L'hyperréalisme n'est certes pas une école; aucun "manifeste", 
              aucune publication collective n'en a signifié la puissance. 
              L'hyperréalisme se présente comme le regroupement opéré par des 
              critiques d'art, aidés de quelques galeries prestigieuses, d'un 
              certain nombre d'artistes, venus d'horizon parfois sensiblement 
              différents, dont le seul commun dénominateur est d'abord d'ordre 
              technique. Mais l'outil privilégié de cette figuration , et c'est 
              là la nouveauté, est la photographie. 
              Celle-ci, qui avait fait une entrée en force dans les arts 
              plastiques avec le surréalisme grâce à Man Ray, grâce aux collages 
              de Max Ernst, de Prévert, revient cette fois comme simple 
              instrument au service du peintre et de son observation du monde 
              visible. Cette importance de la photographie avait été également 
              mise en valeur par le Pop Art. 
              L'histoire de l'art du XXème siècle pourrait être celle des 
              rapports qui se sont établis entre ces deux modes de production de 
              l'image que sont la photographie et la peinture. L'hyperréalisme 
              semble avoir tenté de faire la jonction entre ces deux modes, pour 
              offrir des images "neutres" de la réalité. Le travail pictural 
              veut établir un constat du monde tel qu'il est. L'hyperréalisme 
              prône une technicité perfectionniste sur des constats 
              photographiques. 
              Les artistes les plus marquants de ce mouvement sont : Richard 
              Estes, Don Eddy, Malcolm Morley.